Été solidaire 2019 : reportage au travers de 3 communes wallones

Le 31 août, l’opération « Eté solidaire, je suis partenaire 2019 » se clôturait officiellement. Durant deux mois, près de 2500 étudiants ont apporté leur dynamisme à 226 communes wallonnes à raison de 7h par jour pendant deux semaines. Une première expérience de travail pour la majorité d’entre eux. L’occasion était belle pour notre Direction de la Cohésion sociale de partir à la rencontre des jobistes et de leurs accompagnateurs au sein de trois communes aux profils et projets singuliers : La Roche-en-Ardenne, Amay et Florennes.

La Roche-en-Ardenne, une organisation sans faille depuis 20 ansL'équipe au grand complet : Johanne, Zoé, Sophie, Adnan et Alain

A La Roche, cela fait 20 ans qu’Alain est en charge des jobistes d’« Eté solidaire ». Accompagner et tisser des liens avec les jeunes, il aime ça et n’hésite pas à le faire savoir. Pour lui, c’est une question de feeling et d’oser faire confiance à des étudiants qui découvrent le marché de l’emploi. Responsable magasinier du service des Travaux de la commune, il a un tas de souvenirs à raconter.

En été, la population de cette commune luxembourgeoise de 4.200 habitants quadruple. Un succès touristique qui apporte beaucoup de fierté pour les Rochois, mais aussi son lot de désagréments, principalement liés aux incivilités environnementales.

« L’été, la population de La Roche s’accroit de plus de 10.000 personnes durant les deux mois de vacances scolaires et pour notre service, notamment chargé de s’assurer de la propreté de la commune, l’apport des jobistes d’« Eté solidaire » est indispensable depuis toujours. Sur tout un été, ce sont par exemple plus de 2000 sacs poubelles qui sont collectés. Mais les étudiants ne font pas que ça, rassurez-vous ! », entame cet homme aux multiples casquettes.

Dans le centre, jobistes et touristes se croisent...Il poursuit : « Chaque matin, le rendez-vous est donné à l’atelier. Nous lançons la journée par une activité assez routinière, mais qui permet à tous de se mettre en jambe pour des après-midis plus physiques. Beaucoup d’activités se déroulent ici durant les vacances d’été et les jobistes fournissent un soutien technique à ces évènements. Nous montons des chapiteaux, plaçons les barrières de sécurité, les planchers… et lorsque l’évènement est terminé, on démonte tout. »

Affublés de leurs gilets fluos estampillés « student », ils sont visibles de loin et sont la cible des touristes en mal de renseignements, dont beaucoup sont néerlandophones. Cette semaine, c’est Johanne qui, le plus souvent, les aiguillait dans la langue de Vondel : « C’est vrai qu’avec nos gilets, on peut nous prendre pour des stewards et les touristes n’hésitent pas à nous aborder, les uns pour nous demander leur chemin, les autres pour qu’on leur indique les horaires d’ouverture des musées ou des commerces ». Une tâche facile pour cette étudiante en traduction germanique de 19 ans. Quant aux autres, comme Adnan : « Je ne parle pas le néerlandais, mais je peux m’exprimer avec eux en anglais. Et si ça ne fonctionne pas, on arrive toujours à se comprendre avec des gestes ». Pour cet étudiant de l’ULiège de 21 ans, « Eté solidaire » est l’occasion d’obtenir des responsabilités que n’ont pas tous les jobistes qui passent par La Roche. Lui, c’est le chauffeur – et l’ambianceur – de la bande. « C’est vrai qu’il m’arrive de prendre le volant de la camionnette du service Travaux pour aller charger du matériel, de faire le trajet pour raccompagner les autres étudiants lorsqu’ils travaillent plus loin et que nous devons rentrer à l’atelier pour le midi ou la fin du service, mais sinon je fais le même boulot que tout le monde ».

Les deux autres jobistes, Sophie et Zoé, confirment et nous donnent leur avis sur cette nouvelle expérience. « Avec « Eté solidaire », on se sent vraiment bien encadré, autant avec Alain qu’avec les autres travailleurs que nous fréquentons. Et puis c’est vraiment valorisant de travailler pour sa commune, d’être au contact des citoyens. Je me sens soutenue et j’ai le réel sentiment de rendre service. Beaucoup plus que si j’avais travaillé pour une chaîne de magasins ou dans une grande surface » entame Sophie, 21 ans.A l'atelier, l'équipe ESOL débriefe la journée

Du côté de Zoé, future criminologue, ce sont les aspects écologiques et utilité publique qu’elle met en avant : « Nous étions tous, je pense, sensibilisés à l’écologie avant de travailler ensemble. Mais on se rend d’autant plus compte de la catastrophe que représentent notamment les mégots de cigarettes sur la voie publique. C’est effrayant, désespérant, de constater le manque de respect de certains concernant la propreté publique ». Une constatation sur laquelle les 4 étudiants sont unanimes.

Si c’était à refaire, à les entendre, ils replongeraient bien dans l’aventure l’année prochaine. « C’est une chouette ambiance, on bouge beaucoup et on a la chance de travailler dehors toute la journée, ce qui est super agréable en été. Puis c’est valorisant de se sentir utile, autant vis-à-vis des Rochois que pour des touristes qu’on accueille sur la commune ».

Du côté d’Alain, qui s’active en coulisse tout en écoutant ses ouailles sans broncher, il s’agit quand même d’apporter le mot de la fin. « Sur vingt ans, j’ai vu passer des centaines de jeunes et je peux affirmer que la jeunesse s’améliore d’année en année. Malgré ce qu’on entend sur eux, ils sont volontaires, courageux et dynamiques et ça fait plaisir à constater ».

Amay, un projet porteur et un objectif social

Stéphane Tore, éducateur jeunesse pour la Commune d’Amay, nous reçoit dans les locaux consacrés à la jeunesse amaytoise. Fresques murales, kicker, fauteuils de-ci de-là, c’est ici qu’il accueille 4 des 12 jobistes d’« Eté solidaire », à raison d’une à deux heures par jour, pour travailler à un projet quelque peu différent.

« Chez nous à Amay, les jobistes peuvent nous faire part de leurs préférences quant aux tâches qu’ils souhaitent accomplir pendant « Eté solidaire ». Certains sont plus attirés par l’aspect artistique et ont envie d’embellir leur quartier et d’autres préfèrent le contact social direct et l’aide aux personnes. Ainsi, nous comptons trois équipes de jobistes. Une partie m’accompagne sur un projet social et artistique qu’on choisit ensemble, une autre travaille en collaboration avec le CPAS, notamment au restaurant social « La Table de l’Abbaye », qui permet à tout un chacun, quel que soit son âge ou sa catégorie sociale, de se restaurer pour moins de 9€ et la dernière avec le service Environnement qui s’occupe de l’entretien des espaces verts et de la propreté de la commune ».

En plein travail créatif, les jobistes conceptualisent les emplacements PMR...Cette année, les 4 jobistes qui accompagnent Stéphane ont porté leur choix sur un projet de sensibilisation destiné à aider les personnes à mobilité réduite. Autour d’une table où sont étalés crayons, marqueurs et croquis en tous genre, Kelly, Laura, Manon et Maxime échangent sur leurs intentions et leurs idées personnelles avant de mettre leurs projets en commun.

Laura, qui est touchée de près par le sujet, nous explique : « Avec Stéphane, nous avons d’abord réfléchi pour choisir un projet réalisable qui aurait du sens pour Amay. Nous avons tous trouvé que les personnes à mobilité réduite n’étaient pas assez respectées par les autres et il nous est venu l’idée de réaliser des slogans et des emplacements beaucoup plus visibles pour les PMR sur les parkings de la commune ».

« Depuis cinq ans que je travaille avec les étudiants d’ESOL, nous mettons en place des projets qui se déroulent sur deux années. Comme nous essayons d’avoir un impact réel sur la population, cela prend du temps et nous ne voulons pas nous précipiter. Cette fois-ci, ce sont les jobistes de 2019 qui créeront le projet tandis que ceux de l’année prochaine travailleront à le mettre en place. L’idée de rendre les espaces réservés aux PMR plus visibles est vite venue sur la table et ils travaillent déjà à leurs slogans depuis plusieurs jours », complète leur responsable.

Manon, 19 ans, étudiante pour devenir assistante en soins animaliers est emballée par le projet. Elle connaissait « Été solidaire » car sa sœur avait déjà pu faire l’expérience quelques étés auparavant. « On trouvait notamment que le sigle utilisé pour symboliser les emplacements réservés aux PMR était trop stigmatisant. Tous ne sont pas en chaise roulante et les gens souffrant d’un handicap moins visible peuvent aussi se garer sur ces emplacements. Mais après avoir vérifié, nous avons constaté qu’il s’agissait d’un symbole international et qu’on ne pouvait pas le modifier. Alors on a imaginé compléter celui-ci avec des couleurs, des slogans et le terme PMR qui est plus approprié ».

Pour Kelly, il est important de faire comprendre aux PMR qu’ils font partie intégrante de la société. « J’ai pensé au slogan « Être à ma place, c’est classe ! ». On pourrait le placer sous les panneaux qui indiquent les places réservées pour faire entendre que les personnes avec un handicap sont comme tout le monde ».

L’objectif a donc un double sens : faire respecter les emplacements PMR, mais aussi valoriser les gens porteurs d’un handicap, visible ou non. « On a de bonnes idées et je pense qu’avec les couleurs que nous voulons mettre au sol sur ces emplacements, on devrait réussir à sensibiliser les habitants d’Amay » finit-elle.Laura, Stéphane Tore, Maxime, Manon, Kelly et Julie Grenson devant un hotel à insecte en construction

Comme à La-Roche-en-Ardenne, le quatuor n’est composé que d’un garçon, quoique l’équipe entière respecte la parité. Maxime a 15 ans et se destine à devenir maçon. Ce qu’il voudrait, c’est qu’on agrandisse encore la taille des emplacements pour faciliter l’accès aux personnes qui se déplacent plus difficilement que d’autres. S’il ne connaissait pas ses trois collègues du moment, le local dans lequel nous nous rencontrons lui est fort familier : « Je connais Stéphane car je viens souvent le mercredi après-midi et le samedi au local. Il y a toujours une bonne ambiance et on s’amuse à quelques pas de chez nous. Par contre, je ne connaissais pas « Eté solidaire » avant cette année, mais je trouve que c’est vraiment cool. On s’amuse en travaillant et on forme une bonne équipe. Parfois on n’a même pas l’impression de bosser que la journée est déjà finie ».

Tous ont dû passer un petit entretien d’embauche après avoir remis leur candidature à l’administration : « On leur demande leurs motivations et leurs atouts et on s’assure de respecter une parité entre filles et garçons dans l’équipe. C’est parfois compliqué mais ça nous semble important, tout comme considérer les difficultés que pourraient rencontrer les étudiants ou leur famille. On leur apporte également notre aide s’ils la demandent pour la rédaction de leur candidature ou les préparer à leur entretien. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus car nous publions systématiquement l’appel d’offre dans le bulletin communal, le Vlan, la presse locale et sur nos réseaux sociaux. Beaucoup de candidatures nous parviennent », conclut Julie Grenson, de l’équipe PCS d’Amay, notamment en charge du recrutement des jobistes « Eté solidaire ».

Florennes, un projet coconstruit au service de tous

Dans cette commune namuroise de 11.600 habitants, 12 étudiants composent l’équipe des jobistes d’Eté solidaire. L’un des projets de Florennes : permettre aux jeunes engagés d’aider une équipe d’animateurs sur le plan technique et logistique. Cette année, pour la 6ème édition, la commune organise un stage à prix accessible à tous pour des enfants de 2 ans et demi à 18 ans durant deux semaines. Ce sont 53 enfants qui participeront à la première semaine d’activités. Regroupés en fonction de leur âge en plusieurs équipes, ils sont encadrés par des éducateurs spécialisés tandis que 6 des 12 jobistes ESOL apportent leur soutien aux différentes associations communales en charge de l’organisation. Les autres sont attachés au CPAS et au service des Travaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le succès est au rendez-vous !

Au casino avec les grands...Quentin Lorent, responsable du PCS à Florennes confirme : « C’est bien simple, nous n’avons même pas le temps de faire la publicité pour le stage que celui-ci est déjà complet. Sans « Eté solidaire », ce projet ne serait pas réalisable. Le travail qu’effectuent les jobistes auprès des associations culturelles d’Amay dans la mise en place des activités est très précieux. Franchement, c’est une magnifique collaboration, tant pour les employés et les services de l’administration que pour les participants et les bénévoles ».

Ce qui frappe d’emblée, c’est que cette collaboration qui réunit le PCS, le Centre culturel, la bibliothèque, l’accueil Temps-Libre, la Maison de Jeunes et les bénévoles est rôdée. Tous ont leurs tâches et s’y tiennent de la plus belle des manières. Pour s’en assurer, il suffit de regarder les mines enjouées des enfants qui s’apprêtent à partir en balade avant d’entamer l’après-midi de clôture de cette première semaine. Aujourd’hui, l’ensemble des associations se sont réunies pour organiser une partie géante de casino. Pas d’argent en jeu bien entendu, mais des bonbons de toutes les formes et toutes les couleurs. Un enjeu de mise pour les enfants.

Alexandra a 17 ans et s’apprête à s’envoler pour Paris en septembre pour y intégrer une école de musique. Son dada, ce sont les comédies musicales. Cette semaine, elle vient en aide logistique à l’animateur en charge du groupe des grands, qui ont entre 12 et 14 ans. Elle forme équipe avec Mathias, 18 ans et futur électromécanicien. Les deux sont unanimes : « C’est vraiment chouette et enrichissant comme expérience. Ça nous plaît beaucoup à tous les deux. Grâce à la collaboration qui unit le PCS et les autres associations, nous avons aussi l’occasion d’entrer en contact avec d’autres jeunes et notamment les plus grands. Et c’est d’autant plus gai pour moi ! » car il l’avoue, il a moins de patience que d’autres qui préfèrent accompagner les associations qui œuvrent au contact de l’équipe des petits.Tout le monde passe à la caisse...

« Nous sommes à l’écoute des préférences des jeunes quant aux organismes qu’ils souhaitent accompagner dans leur préparation des activités. Cette année, cela s’est mis parfaitement puisque chacun travaille au contact de la classe d’âge qu’il souhaitait » continue Quentin avant de laisser la parole à Yannis, 15 ans : « ESOL, je trouve ça super agréable comme première expérience de travail, puis c’est un beau projet. On rigole beaucoup avec les enfants et on a l’impression de les aider ». Avec Mathias, ils s’occupent aussi de soutenir les enfants qui proviennent de Fedasil : « Comme on pratique l’anglais souvent, on les assiste dans la compréhension des consignes de jeux. Ça les aide beaucoup car tous ne comprennent pas le français et on trouve ça très important qu’ils se sentent intégrés et puissent profiter des activités proposées par Flor’n jeunes ».

Assise autour de la table où nous discutons en attendant le début de l’activité, Émilie, 19 ans, embraye : « Je trouve aussi que l’expérience est enrichissante de pouvoir apporter notre aide aux enfants. Qui plus est on est super bien encadrés et tout en nous laissant des libertés, les organisateurs sont à notre écoute et nous coachent ». Emi, sa comparse de deux ans sa cadette, forme avec elle le duo en charge de la mise en place des activités pour les 9-11 ans. Elle qui se destine à suivre des études pour devenir institutrice est dans son environnement : « Aujourd’hui, je vais me charger de l’installation des ateliers avec les jeux en bois, un peu des jeux à l’ancienne. J’espère que ça fonctionnera bien par rapport au stand roulette ».

En face d’elle effectivement, la file devient longue pour tenter sa chance à la roulette, mais les jeux en bois qui occupent la majorité des stands ont aussi leur succès. Les autres activités sont adaptées aux âges des enfants. On retrouve une table de black jack pour les grands, un billard hollandais et un air hockey pour les moyens ou encore un jeu de lancer d’anneaux pour les tout-petits. C’est Ethan, qui s’assure que tout est bien en place à ce stand : « Perso, j’adore m’occuper des personnes, qu’elles soient jeunes ou âgées. D’ailleurs je compte en faire mon métier. Ça doit être mon papa, qui est aide-soignant, qui m’a influencé ».

Pour Quentin, l’influence que peut avoir l’activité Flor’n Jeunes sur les enfants mais aussi les jobistes est importante : « Depuis les années que nous organisons des activités avec des jeunes en soutien des associations culturelles et des animateurs, on a déjà suscité des vocations. Certains choisissent une orientation sociale pour leurs études et on en compte même qui sont, depuis, devenu assistants sociaux ou éducateurs spécialisés. C’est une belle marque de satisfaction pour nous, qui démontre qu’on a eu raison de leur faire confiance ! »

L'équipe de la première semaine! MERCI à vous...

En 2019, le montant global des subventions octroyées aux communes pour « Eté solidaire » s’élève à près de 1.128.120 €. Un budget qui a, sans aucun doute, servi à toutes les couches de la population sans disparité d’âge, de sexe ou de quelconque origine sociale ou religieuse à travers les communes de toutes les provinces de Wallonie. Au-delà du projet social qui bénéficie aux citoyens, nous avons pu remarquer que les jobistes sortaient souvent épanouis de leur première expérience professionnelle et étaient tous près à réitérer l’aventure si l’opportunité leur était offerte.

D’autres reportages suivront, d’année en année, pour valoriser les histoires vécues lors d’Eté solidaire ainsi que les projets portés par les communes participantes. Si vous souhaitez mettre en lumière vos projets de Cohésion sociale et vos actions à travers un reportage, contactez-nous, nous serons toujours à votre écoute :

SPW Intérieur & Action sociale
Direction de la Cohésion sociale

dics@spw.wallonie.be
081/32.73.79

 

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