A Trooz, 15 jobistes œuvrent à la remise en état post-inondations
En ce 13 juillet, nous quittons Namur sous le soleil en direction de Trooz. Le groupe de jobistes et leurs accompagnants nous ont donné rendez-vous à proximité du hall communal. Grâce aux jeunes travailleurs, les terrains dédiés aux sports accueilleront le lendemain, et pour la première fois depuis un an, footballeurs et joueurs de tennis amateurs. A la suite des inondations de juillet 2021, ceux-ci étaient toujours impraticables, jonchés de déchets et de plantes invasives, laissés en friche…, faute de moyens humains attribués à d’autres chantiers prioritaires.
Il faut dire que les stigmates sont toujours bien présents dans cette commune de près de 9.000 habitants, la plus impactée en Belgique avec 50% des ménages sinistrés. Dans le groupe des jobistes, seuls deux n’ont pas été directement touchés par les inondations. Tous semblent pourtant être passés à autre chose. « On n’y pense plus, franchement on a franchi le cap. C’est vrai, la vie continue… » nous lance l’un d’eux.
D’après Pascal, Chef de projet pour le PCS de Trooz et référent pour ESOL, tous se sont décarcassés après la catastrophe. « Les jeunes ont été hyper importants dans l’aide apportée aux citoyens sinistrés. Ils ont travaillé tout l’été 2021, sans relâche… c’était beau à voir ! ». C’est ainsi qu’aujourd’hui, ils poursuivent ce travail à travers Eté solidaire puisque les 16 jobistes seront assignés à des tâches de remise en état, travaux de déblaiements, nettoyage et reconstruction de lieux qui ont été gravement impactés par les eaux. Et à la moitié de leur 2ème jour de travail, le résultat est déjà bien visible autour des terrains du FC Trooz : « Le président du club était tellement content qu’il a sorti son barbecue et cuit des pains-saucisses pour tout le monde. »
Cette année cependant, le subside ESOL semble encore plus important que d’habitude. Pascal nous explique : « A la suite des inondations, beaucoup de commerces et d’entreprises ont dû mettre la clé sous la porte. Et pour ceux qui, après de longs mois de travaux, sortent seulement du pétrin pour proposer à nouveau leurs services, il est trop tôt pour engager ». Le manque d’offres d’emploi était donc criant. « C’est clairement, pour la commune, les citoyens et les étudiants, une situation de win-win-win ! » conclut-il.
Forts de leurs expériences passées avec les étudiants d’Eté solidaire, les accompagnateurs sont confiants pour la suite du projet : « Les jeunes sont plus motivés que ce qu’on ne croit et les échanges positifs qu’ils ont avec les citoyens, qui les encouragent et les félicitent, les valorisent très fort. On a aussi une super ambiance de groupe avec des jeunes qui se connaissaient pour la plupart et cela renforce la dynamique de travail. »
Enchantés par cette première visite, nous poursuivons notre route vers Malmedy où nous allons rencontrer plusieurs groupes de jeunes dont les tâches sont réparties sur différentes implantations.
A Malmedy, ESOL compte deux jobistes ukrainiens
C’est à la résidence du Grand Fa, une maison de repos et de soins, que nous accueille Marie, la référente ESOL au sein du PCS de Malmedy.
Nous y rencontrons 3 étudiants accompagnés de Jürgen, le responsable maintenance de l’établissement. Cela fait plusieurs étés qu’il guide les jobistes au sein de la MRS dans leurs tâches quotidiennes : entretien des espaces extérieurs, amélioration du cadre de vie des résidents, travaux de peinture… Les tâches sont diverses et variées. Si c’est la première fois qu’il est amené à encadrer un jeune ukrainien, il n’en est cependant pas à sa première expérience avec un jobiste « réfugié » : « Cette année, nous avons Artem qui est avec nous et tout se passe vraiment bien. Il ne parle pas le français mais nous pouvons compter sur Mazen qui est arrivé de Syrie il y a trois ans et a déjà participé à Été solidaire l’année passée. Ça lui a plu et il a demandé à revenir. Ensemble, ils échangent tous les deux en anglais, ce qui me facilite la tâche dans l’explication des consignes ».
Si les résidents n’ont pas encore eu beaucoup l’occasion d’échanger avec les jobistes avant notre venue, Artem a tout de même pu leur expliquer qu’il appréciait beaucoup le travail qui lui était confié au Grand Fa : « Il existe peu de travail pour les étudiants en Ukraine, du moins pas aussi intéressant qu’ici. Ce que j’apprécie, c’est qu’on nous confie des responsabilités et qu’on nous fait confiance. Et ça me permet de mieux comprendre le français au contact des autres. »
Après ces quelques échanges, nous rejoignons un deuxième groupe de jobistes à quelques centaines de mètres de là. Occupés à ranger leurs outils, ils viennent de passer la journée à remettre en état de grandes allées de garage au sein de la cité sociale. Un travail de titan puisqu’il s’agit de frotter des murs à la brosse métallique avant de les repeindre minutieusement, le tout en plein soleil. Un boulot qui ne fait pas peur aux 3 jeunes malmédiens, tout sourire d’approcher de la fin de la journée : « Il fait chaud mais quand on voit le travail accompli, on oublie la difficulté ». Un second ajoute : « Hier, des habitants du quartier sont venus nous apporter des glaces pour nous rafraichir. La semaine passée, on a aussi eu du gâteau. Ça fait plaisir car on voit qu’on est utiles. »
Le dernier groupe d’étudiants travaille au sein de l’ASBL Couleur Café qui vise à mettre les gens en route vers une citoyenneté active et responsable.
Nos discussions auront mis une fois encore en exergue l’importance que représente l’inclusion de jeunes en difficulté dans le projet ESOL et combien les échanges entre partenaires sont primordiaux dans le bon déroulement du projet.
Quelques jours plus tard, nous poursuivons avec une dernière visite à Rixensart.
A Rixensart, les jeunes en renfort du PCS…
Ce mardi, sous le soleil, nous avons rendez-vous avec Gilles, en charge de 7 étudiants à Rixensart. A l’initiative d’un projet particulier, où les étudiants alternent tâches manuelles et relationnelles sur un court laps de temps, il parle avec passion de son métier et de l’importance que représente pour lui le fait d’intégrer les jobistes à des projets du PCS : « Nous avons énormément de tâches, de partenaires et de publics différents. Cela rend notre travail passionnant mais c’est très énergivore et l’apport des étudiants est primordial pour nous, y compris à d’autres moments de l’année ».
En ce deuxième jour de l’opération Eté solidaire, les jobistes alternent entre nettoyage de promenades boisées et réfection d’une terrasse en palettes dans l’attente de l’atelier de l’après-midi. Celui-ci vise à aider des personnes âgées ou souffrant d’un handicap léger à apprivoiser l’outil numérique. Vers 14h, les premiers inscrits arrivent au compte-goutte. Tantôt avec un smartphone à configurer, tantôt pour se faire expliciter l’utilisation d’une messagerie instantanée, les jeunes s’affairent à expliquer de manière calme et pédagogique l’utilisation d’outils qu’ils maîtrisent tous.
Fraichement engagé au sein de la commune comme assistant social, Damien participe pour la première fois à ESOL en tant qu’accompagnateur : « C’est une super opportunité qui s’est offerte à moi d’être engagé ici à la suite de mon stage et je prends beaucoup de plaisir à accompagner les étudiants durant Eté solidaire. A travers nos actions, ils vont avoir l’occasion de toucher à tout, de se confronter à notre réalité mais aussi de rencontrer les citoyens de leur commune. Les tâches sont variées et pour l’instant, ils sont super appliqués. »
En route vers le potager collectif où les jeunes ont déjà eu l’occasion de faire leurs preuves, nous constatons à nouveau l’importance d’une opération comme Eté solidaire pour les communes. Comme Gilles nous l’explique, la présence des jeunes apporte aussi un nouveau regard sur des projets en place, parfois, depuis de nombreuses années. « Nous essayons d’alterner les projets d’année en année afin de varier les publics et les activités. Il faut aussi qu’Été solidaire puisse profiter à tous. Cela nous donne également l’opportunité de fonctionner sur des « essais-erreurs » dans nos projets car il est parfois difficile d’évaluer la possibilité de réussite d’une action ou d’un atelier sans les avoir mis en place. Sans les jobistes, il serait compliqué de fonctionner ainsi. »
Après d’enrichissants échanges, il est temps pour nous de faire demi-tour non sans avoir été, une nouvelle fois, surpris par les jeunes comme par leurs encadrants. Toujours dynamiques et souvent surprenants dans leur vision de la cohésion sociale, ils nous confirment chaque année davantage, qu’ ESOL fait partie des actions indispensables pour une amélioration du vivre ensemble et un développement des liens entre générations et publics d’horizons différents.
A l’année prochaine…