Reportage ESOL - 1ère partie : Charleroi, en pleine nature au Pays noir

Charleroi est une ville pleine de surprises. Première commune wallonne en nombre d’habitants, on la connait principalement pour son bassin houiller, ses terrils et ses statues en hommage à la bande dessinée belge[1]. Mais on la connait beaucoup moins pour ses espaces verts qui, à l’écart de l’agitation du centre-ville, offrent l’opportunité de se perdre en pleine nature. Point de départ de notre visite, les locaux de l’ASBL Charleroi Nature se situent à l’entrée du Bois du Prince. Une découverte pour nous et pour les jobistes d’ESOL…

Quelle chance pour ces jeunes, de travailler deux semaines au milieu de nulle part. Bien que leur travail soit éprouvant, tous ont l’air heureux d’oeuvrer à la valorisation du patrimoine naturel de leur ville. Pour Ethan, passionné de nature, ce job d’été représentait une aubaine : « La nature est quelque chose qui m’interpelle. J’avais déjà fait des stages avec l’ASBL CHANA et lorsque ma mère m’a dit qu’ils recherchaient des jobistes pour « Eté solidaire », j’ai sauté sur l’occasion et j’ai envoyé ma candidature. Personnellement, c’est ma première expérience professionnelle et je me sens vraiment utile. On va laisser une trace de notre passage ici en ayant créé la vie. »

Créer la vie ? En effet, puisque les 9 jobistes avaient pour tâche de réaménager une mare forestière complètement asséchée et dont les contours ne permettaient plus aux visiteurs (écoles, promeneurs, stages, …) d’approcher sans danger. Un travail de titan. Pourtant, les jeunes en redemandent : « Je vais à la salle plusieurs fois par semaine pour m’entraîner et je dois dire que le travail qu’on a fait cette semaine est très physique » nous dit Élodie, étudiante en Droit de 17 ans. Entre les m³ de terre à creuser et les brouettes à évacuer plus loin, ils doivent patauger dans la boue afin de s’assurer que le dénivelé permettra un bon écoulement du trop-plein les jours de pluie.

Pour Emilien Burlet, chargé de projet pour CHANA, c’est un plaisir d’encadrer les jeunes d’Eté solidaire : « Pour l’instant, ça se passe super bien. Ils forment déjà un groupe soudé, en partie grâce à leur attrait commun pour la nature. D’ailleurs, sur les 10 candidatures reçues, la plupart avait déjà participé à des activités avec notre ASBL. Et ils sont courageux car c’est un travail rude, qui plus est lorsque la pluie fait son apparition comme en début de semaine ».

Plus tard dans la semaine, après avoir fini de dessiner les contours de la mare, les étudiants ont construit un caillebotis qui permettra de traverser la mare et d’observer au plus près les grenouilles, salamandres et autres amphibiens qui peuplent les mares forestières de la région. Une tâche valorisante dont les photos permettent de constater l’étendue du travail effectué par ce groupe bien sympathique.

Trois autres micro-projets ont également été menés au pays noir en ce mois d’août 2020. Si nous n’avons pas eu la chance de visiter le chantier de  restauration d’une maison de quartier, nous avons pu rencontrer le deuxième groupe lors de leur dernier jour de travail aux côtés de l’ASBL COCAD, située au pied d’immeubles gérés par la société « La Sambrienne ».

Marcelle Kom, la présidente de l’association qui encadrait un groupe de 10 étudiants, nous explique, sans se départir de son sourire, le rôle joué par les jobistes auprès de la population : « C’est impressionnant de voir les retours que donnent les citoyens du quartier sur les aménagements que nous avons pu mettre en place. Nous recevons des gâteaux, des boissons fraîches et des compliments tous les jours. C’est peu dire que les habitants des immeubles sont ravis du travail accompli et fiers de la jeunesse du quartier ».

Comme nous le confirment les jeunes « Ici, c’était répugnant avant ! On retrouvait des cannettes, des emballages, des mégots et toutes sortes de crasses par dizaines de kilos. Un vrai dépotoir ». Les photos prises par les encadrants avant le début du chantier montrent à quel point la nature avait repris ses droits depuis plusieurs années, de sorte que plus aucun chemin intérieur ne permettait aux habitants de rejoindre les différents espaces du quartier ou profiter des terrains destinés au sport, aux jeux ou à la cohésion sociale.

 « Mais quand on voit le travail de défrichage, de nettoyage, de construction des bancs et des espaces de détente, on peut être fier de ce que tous les jeunes ont accompli. Bravo à eux ! ». Un travail dont nous ne pouvons que faire l’éloge au moment de quitter Charleroi, qui nous aura offert de belles surprises durant cet après-midi de visite. 

 

[1] Charleroi a vu éclore de nombreux talents de dessinateurs de bande dessinée sous la houlette de sa célèbre école de Marcinelle.

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